QUOI ?

L'objectif du soutien par dons

Tout comme le premier projet au Lac Baïkal, l'objectif est l'auto-édition à 250 exemplaires d'un carnet de voyage en Mongolieauprès de chaman(s) intitulé FILLE DU VENT collection ROUTE BLANCHE, livre d'artiste chamanique créé par Arèla.

La ROUTE BLANCHE, c'est la voie du chamanisme Sibérien/Mongol comme on dit la Route Rouge pour les Nord-Amérindiens ou le Chemin du Coeur dans les Andes.

Un carnet de voyage

C'est une création présentant un récit de voyage de façon plus créative que simplement par écrit : textes, notes, images, dessins, peintures, collages, photos, pages se dépliant, etc... il peut ressembler à un journal de bord... Il peut être réalisé pendant le voyage, au retour, un peu les 2... Audio, vidéo, numérique également !

Dans mon cas, il s'agit d'un livre.
Je le vois comme la forme la plus libre parmi les livres !

Mais il ne s'agit pas que de la forme : le carnet de voyage est à la fois l'objet et l'aventure, il permet de partager cette expérience qu'est le voyage avec ceux qui ne l'ont pas vécu, il OUVRE à la rencontre, à la découverte, à l'émerveillement !

Un voyage en Mongolie

Je précise parce qu'un carnet de voyage, ça pourrait aussi être imaginaire ou Rêvé... bref sans voyage quelque part sur Terre !
Ce carnet de voyage-là sera bien réalisé suite à un voyage sur notre Mère la Terre : en Mongolie et il racontera des vécus.

Tout comme pour la Sibérie au Baïkal, j'ai cherché mais pas trouvé de publication de carnet de voyage dessiné sur la Mongolie. Des photos, des livres, écrits, des films mais pas de carnet de voyage, si vous en connaissez, dites-moi !

2020 "Sibérie ET Mongolie" puis "Mongolie ET Sibérie", 2021 que "Mongolie", 2022 de nouveau "Mongolie ET peut-être Sibérie"... Fin février 2022, avec la fermeture d'Aéroflot et l'augmentation sur Turkish, la décision est prise pour 3 mois en Mongolie avant que les tarifs déjà doublés ne deviennent inaccessibles et fassent avorter le projet.
Grâce à Brigitte de Philéas Frog, les billets avec dates modifiables et risque d'augmentation jusqu'à 100% jusqu'au départ (...c'est rare, mais écrit) comme un énorme cadeau d'anniversaire, le 8 mars, date importante et même fériée en Mongolie !

Les visas touristiques n'étant plus possibles pour la Mongolie pour les dates prévues en aout 2021, j'ai recherché comment obtenir un visa autorisé (travail...). L'ambassade de Mongolie en France (Boulogne-Billancourt près de Paris) en la personne de Mme l'ambassadrice Ulambayar Nyamkhuu (alors première secrétaire) m'a très gentiment aidée dans mes recherches puis confiée à Mme Uyanga Sukhbaatar, nouvelle responsable culturelle rencontrée le 2 novembre 2021: une rencontre d'Ames ! A la fin de notre entrevue, elle s'excusait de ne pas encore parler français, et moi mongol, Brigitte joignant le geste à la parole : "On parle avec les mains !" et Uyanga les mains sur la poitrine et les yeux dans les yeux : "On parle avec le coeur !". Elles ont beaucoup apprécié "Route Blanche" et m'ont apporté un soutien toujours rapide et attentionné pour l'obtention du visa culturel, l'invitation par le musée ethnographique de Bayan-Olgii et le contrat de coopération une fois sur place.

Visa de 3 mois. Mais 1er août au 1er novembre ça fait... 91 jours ! Oups... Le visa n'est que pour 90 jours ! Il a donc fallu le prolonger une fois à Ulaanbaatar ! Il y a des détails à mémoriser pour tous les prochains voyages !

Le carnet de voyage : le cadeau principal

Dans cette campagne en soutien par dons, ce carnet est le cadeau principal. Il y a bien sûr des cadeaux pour tous les dons : des reproductions, des originaux... et même un carnet collector !

Ce ne sera pas juste un carnet de voyage scanné puis imprimé et relié par des machines chez un imprimeur le moins cher possible... Il m'importe le Respect, l'Intention, l'Attention pour chaque donateur, chaque carnet, chaque matériau, chaque dessin, chaque peinture, chaque texte et bien sûr toutes les Forces qui ont accepté de venir y habiter, elles que je rencontre là-bas, visibles et invisibles, et qui acceptent ma proposition de vous rencontrer ici...

Lors du voyage sur ce carnet créé spécifiquement (couverture cuir, pierre sertie, gravé et relié à la main) début 2018 pour partir au Baïkal, qui voyage depuis avec moi au Ladakh, Pérou, Mongolie et aussi en festival en devenant livre d'or, je recueille croquis, dessins, rares aquarelles, notes, collages... Suite à l'expérience de Route Blanche, ces notes sont quasiment toutes mélées à du bien trop intime pour être partagées telles quelles. Comme pour le carnet au Baïkal, c'est retour que les dizaines et dizaines de dessins, encres, aquarelles notamment en grand format nécessitant des centaines d'heures d'ouvrage, certainement des créations dans un matériau que j'affectionne depuis un moment et rapporté de Mongolie, les textes ainsi que la mise en page seront réalisés. Ce choix de créer au retour s'est en fait imposé. Sur place, je ne passe pas des heures seule à dessiner, je privilégie l'expérience vécue, la Relation avec ceux qui m'accompagnent. La transe est souvent présente, donc dessiner est de toute façon compliqué à envisager ! L'expérience du 1er carnet me permet à la fois de savoir qu'un tel projet c'est plutôt 3000 ou 4000 heures (pour 3 semaines sur place, cette fois ce sera 3 mois...!) que 300 comme imaginé en 2018 ! Je ne me serais peut-pêtre pas lancée si je l'avais su !! Mais je sais maintenant que c'est matériellement possible d'offrir presque un an de création et que l'oeuvre-objet créée et surtout ce qui y vit le méritent tellement ! C'est aussi honorer les Ancêtres et cette Terre si chère à mon coeur et tous ceux qui y vivent aujourd'hui. La Sibérie du Sud fut mongole, comme nous disait Slava au bord du Baïkal : " un même peuple ". C'est aussi pour cela que j'ai fait la démarche de contacter l'ambassade de Mongolie en France, Terre Mongole à Paris, afin de présenter ce projet d'honorer leur Culture. Afin de montrer la qualité et le respect de ce que je souhaite offrir au monde, "Route Blanche, carnet de voyage au lac Baïkal auprès d'une chamane" s'est fait l'ambassadeur de mon engagement comme déjà raconté juste au-dessus dans Un voyage en Mongolie.

La campagne de soutien par dons sera clôturée une fois la mise en page terminée, à minuit la veille des premières impressions chez un imprimeur le plus respectueux de l'environnement possible dans le budget possible et le format souhaité. J'ai eu la chance pour le premier carnet que mon imprimeur vienne juste de recevoir une machine pouvant imprimer en 30,5 x 64 cm !

Ce carnet second de la collection Route Blanche aura les bases communes avec le premier "Route Blanche, carnet de voyage au lac Baïkal auprès d'une chamane" :
- Réalisé au retour essentiellement en aquarelles (dont quelques très grands formats), dessins encre de chine et graphite, certainement un autre matériau mais je grade la surprise ! éventuellement collages, éventuellement et rarement des photos si cela a du sens. Texte français le plus poétique possible traduit également dans la langue du chaman donc en mongol.
- Format portrait 22x16 cm (couverture), 21x14,85 cm en double ou quadruple A5 pour les pages intérieures toujours non numérotées (le Temps a basculé !) ajustées en bords déchirés et composé en 5 livrets.
- Une couverture avec rabat pour dédicace et N°/250 et fermoir métal.
- Reliures en 2 coutures 4cm de haut réalisées avec un rituel consacrant l'exemplaire pour chaque adoptant (sur mon stand en festival/expo, à l'atelier possible en présentiel ou visio... ou pas) 
comme les reliures de mes grimoires et carnets en cuir. Choix d'une couleur de fil parmi les 5 couleurs traditionnelles ( représentations données par Anissia, à retrouver dans "Route Blanche" ) : Bleu (pour l'Eau mais aussi Tengeri, le Grand Ciel Bleu chaman des chamans ) Vert (pour le Bois et la Nature) Rouge (pour le Feu et la Force) Jaune (pour la Terre et la religion Bouddhiste) Blanc (pour le Métal mais aussi et surtout la Route Blanche).
- Emballé dans une boite en carton épais 24x17x5 cm
- Expédié sous plastique protecteur du risque d'humidité, en colissimo (frais d'envoi non compris)

Le carnet jumeau, prévu pour Mongolie et Sibérie, ne sera pas pour cette fois. Mais j'espère bien que ce sera un des prochains carnet de la collection !

Chamanisme

La collection Route Blanche présente des carnets de voyage sensibles, livres d'artiste chamaniques, rien à voir avec un reportage touristique.

Comme "Route Blanche", "Fille du Vent" racontera donc aussi les Rencontres visibles et invisibles, les vécus et les enseignements auprès du chaman mongol Ganzorig Naya surnommé Ganaa, lui non plus, comme Anissia, notre amie chamane Touvaine de "Route Blanche", ne fait pas de tourisme.

Par Respect et pour honorer ces traditions, ces transmissions, ces enseignements : surtout pas de voyeurisme occidental mais le partage de ma Relation avec ce Vivant de l'autre côté de la Terre qui est venu me chercher ici, petite française des Alpes-Maritimes. Ce carnet racontera ma première rencontre trop brève avec Anissia chez elle à Kyzyl l'été 2017, une partie de mon tout 1er voyage en Sibérie dans les contreforts de l'Altaï : Tuva à la frontière mongole. Il racontera également ma première rencontre avec la Mongolie, où je ne voulais pas aller, je la percevais comme LE pays du chamanisme touristique, et surtout ma rencontre avec Ganaa, avec son Ancêtre principal qui "descend dans son corps" (incorporation)... et avec mon Ancêtre mongol, chaman blanc... Je ne voulais pas y aller et je n'attendais qu'une chose : revenir ! Notamment pour fabriquer le costume de cet Ancêtre. Commencer à apprendre avec lui ces pratiques spécifiques, créer son costume. Cela s'est fait ! Plus facilement que dans toutes mes imaginations et appréhensions ! 

La vision reçue fin août 2021 m'a amenée à la proposer à l'Ambassade de Mongolie en France. C'est un grand honneur pour moi et un hommage aux Ancêtres mongols de lancer ce projet conjointement à "Fille du Vent" : Je me suis vue dessiner dans un musée ethnographique des objets chamaniques. J'ai donc proposé de le réaliser dans le musée ethnographique de la ville d'Olgii où vit Ganaa. Une fois sur place, avec la Directrice du musée, Mme Aishagul Azamat, et son équipe, nous avons réussi à mettre en place cette coopération. Dans une pièce spéciale en présence de la Guide responsable j'ai dessiné des objets chamaniques, trésors de Mongolie habituellement conservés en réserve et hélas quasiment jamais exposés. J'ai aussi dessiné directement devant les vitrines des salles du musée ce qui a intéressé de nombreux visiteurs venus du monde entier ! J'ai même parlé avec des suisses et des mexicains très intéressés par le chamanisme et aussi le carnet de voyage ! Ces 13 croquis sur place sont préparatoires pour les aquarelles réalisées début 2023 d'après les photos que j'ai été autorisées à prendre vitrine retirée en présence du personnel qualifié. Elles ont été numérisées par le studio qui s'occupe désormais de mes aquarelles et envoyées au musée et à l'Ambassade au printemps 2023. Les originales seront exposées jusqu'en novembre 2024 à côté de "Route Blanche" et "Fille du Vent" puis s'envoleront pour retrouver leur lieu d'origine. Ces cadeaux (aquarelles numérisées et originales) sont pour remercier le musée pour son accueil et son invitation pour le visa. Propriété du musée, elles ne seront pas présentes dans "Fille du Vent". Les personnes intéressées par l'aquisition de ces originale(s) ou reproduction(s) seront invitées à contacter directement le musée (un lien sera placé ici le moment venu). Grand honneur : une reproduction très grand format de l'aquarelle du costume de shaman a été exposée sur le mur de l'ambassade juste à l'entrée lors des journées européennes du patrimoine en septembre 2023. J'ai été invitée ainsi que mon mari et des amis proches à être présente à l'ambassade lors de ces 2 jours puis invitée moins d'1 mois plus tard au concert de l'orchestre traditionnel mongol à l'opéra du palais de Versailles pour la venue du président mongol en France.
Plus détails sur la page OU ?

J'ai cherché aussi, et je n'ai pas trouvé non plus, de publication de carnet de voyage dessiné sur le chamanisme sibérien/mongol (même si le mot chaman est maintenant la traduction mondiale quelque soit le continent, un raccourci pour occidentaux). Des photos, des films, des livres écrits mais pas de carnet de voyage... Bien sûr, ça ne veut pas dire que personne n'en a fait !

On parle de chamanisme maintenant partout sur Terre, il s'agit du mot général pour la traduction occidentale qui se vulgarise aujourd'hui. On pourrait dire qu'il existe DES "chamanismes". Ce sont les pratiques des peuples animistes. Ils vivent en écosystème. Ils sont à la fois constitués de toutes sortes de "Présences" universelles (l'Eau, le Feu, le Soleil...), d'autres plus singulières, voire endémiques et cela dans l'espace mais aussi dans le temps. C'est donc complexe et pas très évident pour les occidentaux de se rendre suffisamment fluides pour espérer rencontrer le moins superficiellement possible. C'est un processus qui prend du temps. J'espère par mes créations vivantes vous offrir, non pas de l'ethnologie (qui est très bien aussi mais ce n'est pas mon métier) mais des Rencontres avec ces Forces qui veulent bien venir habiter dans ce que je dessine, peins, dans les mots qui s'écrivent, le plus souvent en conversation, les plus simples, légers et poétiques possibles. Ganaa, le chaman, m'a expliqué que dessiner, créer comme cela n'est pas un de mes dons "personnels" de naissance, c'est mon Esprit Chamanique par sa présence qui a ces spécificités qui me permet d'inviter les Forces dans mes dessins, peintures, objets pour que ces créations soient réellement vivantes. Cela m'aide aussi à comprendre pourquoi je suis aussi peu intéressée par la performance et le narcissisme assez courant dans le milieu des artistes.
Déjà dans "Route Blanche", cela était - sans forcément le dire - déjà abordé : près de Baïkal, nous avons voyagé avec Anissia, chamane de Tuva. Même si ces régions et leurs pratiques chamaniques sont très proches, ce ne sont pas les mêmes territoires et certains esprits sont endémiques, la façon d'oeuvrer avec eux l'est donc aussi. Endémique mais aussi intime, chaque chaman a ses relations spécifiques lui venant de ses spécificités personnelles et ancestrales. Néanmoins la porosité et la rencontre sont possibles. Et c'est un grand enseignement d'avoir vécu cela avec Anissia. Pour "Fille du Vent", je retourne en Altaï mongol auprès de Ganaa originaire de cette région depuis des centaines d'années et bien sûr je rêve d'en apprendre plus sur mes Ancêtres et notamment "Grand-Père Blanc".
Le séjour en petit groupe dans le désert de Gobi (sud-est et sud mongol) avec Jean-Yves et nos amis, toujours avec Ganaa, n'est plus au programme. J'ai cependant eu la chance de voyager aussi en Gobi, même si ce ne fut que 10 jours, avec mon mari en octobre. Ce sont aussi des Rencontres intenses et inoubliables ! L'Altaï dont il sera énormément question dans "Fille du Vent" prolonge ses hauteurs jusqu'en sud-Gobi ! Son Vent chante dans toute la Mongolie comme en haut de la grande dune où Chimgee notre traductrice, originaire de Gobi, a peint sa toute 1ère aquarelle !
Ce n'est pas cette année que je prendrai le transibérien/transmongolian pour retourner au lac Baïkal où Slava, notre hôte au bord du Baïkal, nous avait dit que les bouriates et les mongols était un seul peuple. Je ne retournerai pas encore non plus en Tuva où vit Anissia, petite république russe longtemps oubliée du monde cachée derrière les montagnes. Ce carnet sera donc assez différent du projet initial pour ceux qui ont suivi depuis le début. Rien n'est constant sauf le changement ! Ils disent que ce sont les Esprits qui décident...! 3 mois prévus à Olgii, finalement j'y suis restée un peu + de 2 mois, en octobre, la météo et les possibilités d'itinérance en Altaï trop compliqués à organiser, je suis retournée sur Ulaanbaatar pour l'arrivée de mon mari. Ce n'était pas prévu mais en allant dans le nord vers le lac Hovsgol, nous avons pu rencontrer les tsaatan et encore moins prévu, rencontrer un de leur chaman, "Fille du Vent" racontera cette soirée imprévue à parler chamanisme avec ce Vieux chaman ridé par une vie si rude, sans rien avoir demandé et même en essayant d'être restée discrête.

Même si j'avoue que c'est une sacrée décision de m'engager pour cela, je suis très heureuse d'avoir la chance de le vivre !
Il y a encore tellement d'inconnu dans cette aventure...! Mais je remercie et rend grâce chaque jour d'avoir retrouvé la trace de cette lignée, Ganaa dit rattraper le fil. Tout cela grâce à Jean-Yves Bourré avec qui j'aurais tellement souhaité vivre ça. Il n'était finalement plus de ce voyage, cependant pour tout ce qu'il m'a offert et continue d'offrir, je tiens à sa présence sur la page QUI ?. Grâce aussi à Brigitte Moreau de l'agence Philéas Frog en France et Chuka de l'agence EcoVoyageMongolia de retour à Ulaanbaatar qui m'ont aidée et soutenue et participé à la rencontre avec Ganaa en 2019 sur la recommandation et donc grâce à Galsan Tschinag, écrivain et chaman mongol réputé, qui a notamment voyagé en Mongolie avec Patrick Fischmann (qui lui, a préfacé le livre de Jean-Yves "Chamanisme, animisme") pour le recueil des Contes des Sages de Mongolie (collection d'Henri Gougaud que j'ai eu la chance de rencontrer lors de formations à l'art du conte)... Des fils encore et encore !!!

Je n'ai pas la prétention d'un savoir théorique. "Fille du Vent" racontera mon vécu singulier, intime, sincère et Sacré. On pourrait dire que la pratique commune entre chamans mongols est de "faire descendre son Esprit", un Ancêtre qui a été lui-même chaman de son vivant. Partout où nous avons voyagé, dans les familles qui nous accueillaient, quand un accompagnant mongol racontait mon histoire (je n'abordais jamais ce sujet) et me le rapportait ensuite, en général le chef de famille me demandait, tout en préparant sa pipe, si mon Esprit aimait fumer ou quelle était sa spécialité, que cela avait été difficile aussi pour leur fille ou leur neveu qui avait aussi accepté de devenir chaman... En Mongolie, beaucoup parlent à peu près de la même façon. Et ça ne ressemble en rien au pseudo-chamanisme-imaginé-idéalisé dont on peut couramment entendre parler en France. Un guérisseur n'est pas forcément un chaman. Un chaman est très souvent un guérisseur. Mettre des plumes sur sa tête, porter un beau costume avec des "serpents", taper sur un tambour en mélangeant rythmes de western d'Amérique du Nord et chants d'Amérique du Sud, ça devient du gloubiboulga ! Peut-être que ça donne confiance pour guérir si cette personne est guérisseuse... Cela n'en fait pas un.e chaman.e pouvant devenir un.e conférencier.e spécialiste du chamanisme mongol ou sibérien. L'abus des personnes fragiles est un réel problème, encore + depuis la période covid et la détresse de nombreuses personnes n'est surtout pas un réservoir de clientèle ! Un chaman ne cherche pas de client. Il est au service pour aider, si on lui demande et si son/ses esprits le peuvent et l'acceptent. Il ne se compare pas, ne se prétend pas "seul chaman du département", ça fait rire ?! Mais malheureusement ça existe. Ce sont des symptômes qui doivent éloigner. Ces comportements égotiques et irrespectueux de ces traditions mènent à des dérives sectaires. Ces personnes ne s'en rendent parfois même pas compte, emballées par l'euphorie narcissique de leur petit pouvoir sur les personnes malades et/ou fragiles et leur sentiment d'aider. Réussir des guérisons et être fan de Corinne Sombrun ne font pas d'une personne un chaman. Ce sont les esprits qui décident. Honorer son don de guérisseur est aussi important, pourquoi le cacher sous un déguisement exotique ? Pour impressionner les personnes fragiles ? En Mongolie, maintenant que l'époque un peu chaotique où c'était le cas, on ne "veut" pas devenir chaman ! Ce sont les Esprits qui insistent... ou pas. Anissia, la chamane de Kyzyl faisait bien la distinction entre chaman et guérisseur et les spécificités et responsabilités de chacun.
Etre chaman ce n'est pas que le don chamanique, c'est aussi l'Esprit chamanique. Cela prend du temps, demande beaucoup d'apprentissage, d'humilité. Tout au moins pour les chamans blancs en qui il est possible d'avoir confiance surtout pour des occidentaux. Cette différence entre chaman blanc et chaman noir mais aussi esprit blanc et esprit noir sera sûrement aussi abordée dans "Fille du Vent" par ce que m'ont transmis les chamans là-bas. Nul besoin d'être chaman pour offrir plus de vie et de beauté au monde. Je ne veux pas faire peur, juste insister sur l'importance d'avoir du discernement, ne pas interpréter trop rapidement avec nos filtres occidentaux, même avec la meilleure intention du monde. Mon souhait est d'être la plus fidèle possible à ce qu'ils m'ont transmis. Ce n'est pas toujours évident, le mental occidental est friand de "correspondances", de concepts intellectuels qui n'existent pas là-bas.